On peut dater du 10 juin 2012, avec la publication de la déclaration de Bâle, le début de la remise en cause des fondements et des valeurs de la Franc maçonnerie de Tradition, et même de la Maçonnerie tout court.
En effet, ce jour-là, cinq obédiences qui, individuellement n’auraient eu aucun impact, s’arrogeaient le droit de décréter comment devait s’organiser la Franc-maçonnerie en France…
De qui détenaient-elles un mandat pour cela ? De personne…
Certes, il faut reconnaître qu’elles avaient l’excuse d’agir officiellement contre Monsieur Stifani. A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
Mais voilà, on a rapidement constaté une forte dérive, car il ne s’agissait que d’un prétexte pour des buts bien moins nobles.
Le 5ème et dernier point de leur intervention du 10 juin 2012, indiquait : «Ceci étant, les cinq Grandes Loges réaffirment leur détermination de ne pas abandonner les très nombreux frères de la Grande Loge Nationale Française ou issus de celle-ci qui désirent continuer à pratiquer une maçonnerie de Tradition dans un cadre d’une organisation reconnue et intégrée dans la chaîne universelle régulière. Les cinq Grandes Loges et leurs négociateurs auront toujours à cœur les aspirations tant de ces Frères que de tous les autres qui voudraient joindre, eux-aussi, une Franc-maçonnerie régulière reconstruite».
C’est tout le contraire qui a été orchestré. Ces Grands Maîtres dont la plupart sont à la tête d’obédiences en lien serrés avec les Frères de la GLNF, au lieu de réunir ce qui est épars, au lieu de tendre une main secourable aux souffrants, ont coupé au couteau les mains qui se tendaient vers eux pour demander du secours. En effet, ce n’est pas Monsieur Stifani qu’ils ont sanctionné (celui-ci fréquentait-il leur Loges ?), mais bien les centaines ou milliers de Frères de la GLNF qui, de part et d’autres des frontières, visitaient les Loges de leurs obédiences.
Il existait des liens profonds entre les Frères de nos obédiences, ils les ont rompus.
Au lieu d’amener réconfort et compassion, ils ont jeté opprobre et division.
Nombre d’entre nous en restons meurtris et humiliés et cela laissera probablement des traces.
Une étape supplémentaire vient d’être franchie. Ces Grands Maîtres s’ingèrent désormais sciemment dans nos affaires qui ne les concernent pas, comme s’ils y avaient droit, avec une quelconque légitimité, se permettant d’attaquer notre Obédience, de donner des leçons et de tenir des propos sentencieux. Il n’est plus possible de garder le silence face à de tels excès.
Dans ce collectif, je m’attarderai particulièrement sur le cas d’un des signataires de la déclaration du 10 juillet 2013 : le Grand Maître de la Grande Loge Suisse Alpina Jean-Michel Mascherpa, puisqu’il est le leader de ce petit groupe qui cherche à casser la GLNF, pour l’exhorter à un peu de réserve et de modestie, car l’évolution de ses comportements laisse sans voix. Doit-on attribuer sa croisade personnelle anti-GLNF à une information qu’il faut prendre avec des pincettes ? Selon certains Frères d’Alpina, la croisade anti-GLNF de leur Grand-Maître serait due à une profonde rancœur qui remonterait au début des années 2000, lorsque le Grand Prieuré des Gaules à quitté la GLNF, et que son Frère qui en était membre, aurait été alors suspendu. Je n’ai pas pu avoir confirmation de cette information, mais si elle se confirmait, elle serait consternante.
Au delà de cette hypothèse, à bien y regarder, il semble de Jean-Michel Mascherpa se serve de l’obédience dont il est le Grand Maître pour défier la Grande Loge Unie d’Angleterre et tenter d’établir un nouveau rapport de force en Europe.
En effet, il semble bien que ce donneur de leçons prétende régenter la maçonnerie européenne en général et française en particulier, alors qu’il est lui-même à la tête d’une obédience qui n’est pas la plus fondée à donner des leçons de régularité…
Faut-t-il rappeler qu’à la fin du XXème siècle, la Grande Loge Suisse Alpina s’est vue retirer la Reconnaissance de la Grande Loge Unie d’Angleterre, au motif qu’elle recevait dans ses Tenues des Frères d’Obédiences non reconnues ?
A l’époque, ses responsables, la main sur le cœur, avaient juré qu’on ne les reprendrait plus, que jamais plus ca n’arriverait, ce qui leur permit d’être à nouveau reconnus. Or tout visiteur actuel de ces Loges peut attester que les Frères visiteurs d’obédiences non reconnues et irréguliers y sont toujours pléthore, et ne se cachent pas…
Ce dernier élément n’est pas choquant en soit, même si cela met gravement en péril la reconnaissance de cette Grande Loge, mais qu’au moins le Grand Maître d’Alpina assume, et ne se risque pas à donner des leçons de régularité !
Et je passe les remous provoqués il y a peu, concernant un de ses ancien Grands Maîtres, qui fût prié de rester chez lui…
La récente crise de la GLNF est de la petite bière comparée aux soubresauts dont les Frères d’Alpina ont été victimes.
Monsieur Stifani a provoqué, avec son clan, bien des dérives maçonniques au sein de la GLNF, dérives qui, à juste titre, ont inquiété la maçonnerie dans le monde entier.
Mais cela reste dérisoire, comparé aux acteurs du scandale de la loge P2, au début des années 1980, au nombre desquels Licio Gelli!
Cette affaire italienne avait de très solides ramifications à Genève, où Licio Gelli avait été incarcéré avant de s’évader après s’être assuré de quelques complicités.
La célèbre émission d’investigation de la Télévision Suisse Romande, « Temps Présents » avait alors enquêté sur cette scabreuse affaire. Son reportage commençait par cette appréciation : « Les cariatides menaçantes qui flanquent l’entrée monumentale de l’hôtel Exe…ne sont pas les figures les plus inquiétantes que nous allons rencontrer dans cette histoire semée de scandales et de morts violentes ».
Dans le versant genevois de l'affaire, un avocat de la place s'était trouvé cité par ces journalistes, non pas dans des circonstances accablantes, mais en tout cas embarrassantes... Cet avocat, se trouvait être le Grand Maître en exercice de la Grande Loge Suisse Alpina !...
Il avait du démissionner avant la fin de son mandat...
Cette émission est toujours visible à l’adresse :
http://www.dailymotion.com/video/xq384q_loge-p2-licio-gelli-le-grand-marionnettiste_news#.UeKeR-Q182x
(Voir particulièrement autour de la 9ème et de la 34ème, minute).
Nous pouvons donc parfaitement comprendre la ligne directrice des propos de Jean-Michel Mascherpa dans une interview donnée au début de son mandat en juillet 2010, lesquels avaient fait grand bruit par la dignité et l’esprit de ses réponses. Permettons-nous de rappeler à ce Grand Maître ses propres paroles, et de lui suggérer de se les appliquer sans attendre, plutôt que de faire exactement l’inverse de ce qu’il disait alors : «…Dans un cas comme dans l'autre, ces situations ne devraient pas exister. En ce qui concerne la Grande Loge Nationale Française, il est vrai qu'elle traverse des moments difficiles. Nous avons connu les mêmes; selon le principe de territorialité, nous n'aurions jamais accepté qu'une Grande Loge amie interfère dans nos affaires. La Grande Loge Nationale Française est une Grande Loge amie et nous ne nous permettrons pas de nous ingérer dans les siennes. Mais je souhaite de tout cœur que les frères de cette obédience retrouvent la sérénité et la raison qui doivent diriger nos travaux… ».
Ou encore : La Grande Loge Suisse Alpina a connu quelques troubles ces dernières années, puisque l'un de ses Grands Maîtres a été contraint de démissionner. Quelles en étaient les raisons et a-t-elle retrouvé la sérénité?
« Je n'étais pas à la direction de la Grande Loge Suisse Alpina à cette époque, aussi je ne tiens pas à commenter un sujet dont je ne maîtrise pas tous les tenants et aboutissants. Il a toutefois été démontré que personne dans notre Alliance ne peut se comporter comme un «Deus ex machina» et omettre que le Grand Maître est élu par tous les frères de l'obédience. Ne pas tenir compte de cette réalité aboutit inexorablement à une impasse. Ce cas d'école me sert d'exemple à ne pas suivre dans la conduite des affaires de la Grande Loge Suisse Alpina et me met en garde contre tout agissement relevant des errements profanes. Le Grand Maître qui a succédé, son Comité directeur et l'ensemble des frères ont ensuite eu suffisamment de sagesse pour faire en sorte que le calme revienne au sein de l'obédience et qu'elle retrouve toute sa sérénité. »
Il semble que le Grand Maître de la Grande Loge Suisse Alpina, qui prend aujourd’hui des initiatives aberrantes sans même en référer aux organes compétents de son Obédience, ait totalement perdu de vue les nobles lignes de conduite qu’il s’était fixées.
Creusant la tombe de dizaines d’années de relations fraternelles et chaleureuses avec les Frères de la GLNF, il vient encore, avec ses réactions épidermiques telles la déclaration du 10 juillet, d’entraîner Alpina dans une situation dont il serait surprenant qu’elles soient sans effets. Selon plusieurs de mes contacts au sein de cette obédience, la façon hégémonique avec laquelle il dirige, sans consulter, en prenant des initiatives irresponsables, rappelle fâcheusement quelqu’un et incommode les Frères de cette obédience habituellement plus habitués à des méthodes consensuelles et diplomatiques.
L’agacement certain de nombreuses Grandes Loges Régulière présentes à Genève lors de la récente Rencontre des Grands Maîtres face au viol de la souveraineté de la GLNF le 10 juillet dernier, n’arrangera certainement pas les choses. Qu’est-t-il advenu de la fameuse neutralité suisse ?
Au même titre que Monsieur Stifani lui-même dans un autre contexte, il est à craindre que Jean-Michel Mascherpa n’ouvre la porte à des débordements sans en mesurer l’impact.
Dans les deux cas, cela ne devient plus une affaire de Grand Maîtres, mais celle des Frères eux-mêmes, qui sont en fait les plus concernés. A l’époque de l’information numérique instantanées et des blogs, Jean-Michel Mascherpa ne pourra plus bien longtemps engager les quelques 3.600 Frères d’Alpina par des actes unilatéraux, sans qu’ils ne soient ratifiés par les organes de son obédience.
Une telle désinvolture aura ses limites. A moins que… Pourquoi pas : à Confédération, Confédération et demi, pourquoi ne pas décliner le concept ?
Pourquoi ne pas imaginer que le G.’.O.’. fédère lui aussi l’ensemble des Obédiences et les multiples loges libres en Suisse pour fragiliser Alpina ?
Le concept fédéral pourrait aussi s’imaginer en Belgique, et même, pourquoi pas, puisque c’est très « tendance », en Angleterre où la Grande Loge de France est implantée?
Pour finir, cet édito est un appel aux Frères des Grandes Loges Régulières Européennes :
Il n’a pour seul objet que de faire partager notre indignation face à l’action scandaleuse de leurs Grands Maîtres, aux côtés de différents acteurs qui cherchent à se partager la dépouille de la GLNF, alors que celle-ci est bien vivante.
La GLNF est même en train de prouver par sa vitalité et ses valeurs maintenant ancestrale, quelle se rétablit, qu’elle est dynamique, et que dans un esprit de fraternité et d’humilité elle souhaite reprendre sa place au sein de la Chaîne de la Fraternité de la Maçonnerie de Tradition, alors qu’elle est reconnue par plus de 120 Grandes Loges dans le monde. Nos Valeurs sont les vôtres, et inversement, c’est la raison pour laquelle nous avons des relations profondes au sein de nos loges respectives, et de nos Frères.
Pourquoi avoir cassé nos relations ?
La présente indignation ne s’exerce en aucune sorte contre la Grande Loge Suisse Alpina, qui, si elle n’a pas à nous juger (maintenant que la normale est rétablie à la GLNF), demeure une Grande Loge exemplaire sous bien des aspects, et dont beaucoup pourraient s’inspirer. Elle ne s’adresse pas plus à la personne de son Grand-Maître, mais uniquement, à son action néfaste. Celle-ci, a déjà pour effet de semer la division entre les Frères de nos Grandes Loges respectives, mais aussi, au sein de la Franc-maçonnerie européenne de Tradition.
Vous avez pu constater le 28 juin l’importance du soutien reçu par la GLNF, et il est vrai que certaines GG.’.LL.’. largement minoritaires heureusement, restent encore prudentes : Division encore, toutes aussi superficielles. Plutôt que d’orchestrer des clivages, œuvrez pour la réunification de la maçonnerie de Tradition, ce qui n’empêche pas qu’a terme, tous les Frères désireux de travailler dans la pure régularité des Landmarks puissent se joindre à nous.
En un mot, plutôt que le visage qui est montré depuis un an, nous voudrions, et c’est certainement aussi le cas de nombreux Frères d’Alpina, retrouver celui du Jean-Michel Mascherpa de juillet 2010… Pour cela, permettez-moi de lui retourner son propos de juillet 2013 : « il vous appartient de prendre conscience au préalable des causes réelles et profondes de la crise de valeurs qui caractérise votre action et celle de vos pairs des 5 GG.’.LL.’. et dont certaines relèvent d’une longue dérive qui ne peut s’expliquer par les excès d’un seul.
Nous considérons en effet que le retour au calme et l’apaisement intérieur n’opéreront pas à eux seuls le rétablissement effectif et durable, de nos relations, mais que des actes concrets s’attaquant aux causes véritables de votre action devront suivre ».
A bon entendeur…
*Pardon et Merci à Monsieur Jean de La Fontaine