Longtemps, on a pu penser que le cheminement du Grand Maître de la GLDF sur la voie de la constitution de la Confédération Maçonnique Française était particulièrement remarquable, parvenant à maintenir le brouillard sur ses véritables intentions concernant les inters visites et sur la définition du G.’.A.’.D.’.L.’.U.’.
Pourtant, à la longue, le vernis a fini par se craqueler, dévoilant une « politique » bien plus indigente qu’il ne paraissait et qui finalement, peut s’apparenter à un échec cuisant.
Car si Marc Henry a reçu de son prédécesseur Alain-Noël Dubart une obédience en très bon état de marche, à peine deux ans et demi après, la situation de sa Grande Loge est pour le moins plus contrastée. Et fragilisée.
Pour étayer cette affirmation, il suffit de prendre ces exemples :
- Tout d’abord, un signe de faiblesse qui résume son mandat : pour une simple divergence concernant une interprétation sur un point d’histoire, Marc Henry est rentré en conflit avec Roger Dachez, qui, historien spécialisé sur la Franc-maçonnerie faisant autorité dans le monde entier et dirigeant de l’Institut Maçonnique de France (tout en étant l’un des dirigeants de la Loge Nationale Française) n’a pas eu le tact d’énoncer la version que Marc Henry voulait entendre sur la naissance de la GLDF.
Aussi, en représailles, Marc Henry, oubliant la distance avec les évènements qui sied à un Grand Maître, a tout bonnement agi comme un garnement capricieux de cours d’école : il a fait sortir son obédience de l’I.M.F., et a créé un salon du livre concurrent de celui organisé par Roger Dachez, à quelques jours de distance de celui-ci !
Beaucoup se seraient attendus à plus de « hauteur » s’agissant d’un Grand Maître de la GLDF…Le pire étant qu’après avoir démultiplié les « Casus Belli », il fait passer le message à Roger Dachez (Interview à F. Koch blog La Lumière) selon lequel il est prêt à discuter avec lui. Mais n’est-ce pas là -toutes proportions gardées- la même façon de faire que Poutine en Ukraine ?
- Autre aveu de faiblesse, la réaction de la hiérarchie de la GLDF vis-à-vis de la R.’.L.’. Ar Vreur qui, succédant à la R.’.L.’. Les Droits de l’Homme n°294 à l’Or.’. de Maubeuge, a eu l’outrecuidance de faire savoir sur plusieurs blogs qu’elle s’opposait au projet de C.M.F. et aux contraintes qu’il implique (définition de la notion de G.’.A.’.D.’.L.’.U.’., inter-visites, etc..). En réponse, le Grand Orateur avait exigé que lui soit « livré » le nom du responsable de ces « fuites », avant d’organiser « une descente » dans cette loge en la personne d’un Assistant Grand Maître de la GLDF (rien de moins !), du Grand Orateur adjoint et du Grand Inspecteur Régional. Mais entre temps, Marc Henry et ses officiers ont pu se rendre compte du courant de sympathie dont dispose Ar Vreur au sein de la GLDF, et aussi à l’extérieur. Tout comme il a commencé à évaluer le risque de scission qui menace la GLDF. Aussi, l’esprit de la « descente » à changé. Si initialement elle avait comme éventualité probable de repartir avec le premier maillet de la loge, en définitive, sous la pression des évènements ces trois Grands Officiers se sont calmés. Et la Loge de refuser de céder à toute personnalisation de la démarche prise, et donc aucun nom n’a été communiqué en réponse à l’injonction du Grand Orateur, tout comme aucune concession n’a été faite à la délégation. Délégation qui, tout en se déclarant prête à l’apaisement et disposée à satisfaire à toutes interrogations, s’est montrée incapable de répondre aux questions importantes.
Du reste, faisant lui aussi marche arrière, Marc Henry, répondant à F. Koch qui lui demandait « si cette loge avait une chance d’échapper à une sanction », adressait par le biais du même interview un message par lequel il enterrait la hache de guerre : « Bien sûr. Il est toujours possible de s’entendre. Ce n’est pas un drame. » Heureuse initiative.
Mais ce qui est le plus intéressant – et qui curieusement ne semble pas relevé par les commentateurs habituels – c’est ce que Marc Henry confie à Koch en complément :
« Pourquoi s’inquiéter ? Des frères du GODF pourront toujours nous visiter* s’ils respectent notre cadre initiatique et rituélique, les principes fondamentaux de la Franc-Maçonnerie Universelle. Quand je vais en tenue à la GLAMF ou à la GLIF, je respecte leur croyance en l’être suprême, même si je ne la partage pas. Mais pour moi, l’essentiel est ailleurs. J’aimerais que tous les frères se réclament de la Franc-Maçonnerie Universelle. Il est temps que les frères de toutes les obédiences du Monde se respectent. Une Chaîne d’Union Internationale*, c’est mon utopie à moi. ».
Cette déclaration du Grand Maître de la Grande Loge de France constitue une bombe. Pour plusieurs raisons :
Tout d’abord parce que dans son esprit (même si elle ne surprend pas les initiés qui savent lire entre les lignes), elle contredit les termes de sa circulaire n° 35 qui laissait encore planer le doute.
Avec la présente déclaration, il faut rendre cette justice au Grand Maître de la GLDF : en assurant que les Frères du Grand Orient de France pourront continuer de visiter les loges de la Grande Loge de France, il assume (enfin !) le statut irrégulier de son obédience.
C’est donc la première fois que Marc Henry sort du flou, et cela mérite d’être souligné.
Sans doute a-t-il considéré qu’étant assuré par les Grands Maîtres britanniques de n’avoir aucune chance d’être reconnu, le jeu ne valait plus la chandelle, et veut-il éviter le risque de scission au sein de la GLDF qui se profile de plus en plus surement et confirmé par deux anciens Grands Maîtres (Michel Barrat et Jean Verdun) de cette obédience.
Rétropédalage donc.
Autre point important dans la déclaration de Marc Henry, ce qu’il appelle son utopie à lui, la « chaîne d’Union Internationale », et qui n’est pas la sienne mais celle de son prédécesseur Alain Graesel qui a créé une structure pour la mettre en place.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est que lorsque Marc Henry parle d’une « Chaîne d’Union Internationale », il ne pense pas forcément « Franc-maçonnerie », mais « Ecossisme », c’est-à-dire R.’.E.’.A.’.A.’., à l’image de la vision C.M.F. qui aboutit à la fusion programmée du Suprême Conseil Pour la France au sein du Suprême Conseil de France…
Dernier décryptage : après cette déclaration, les plus embarrassés sont incontestablement les 5 Grands Maîtres des obédiences continentales qui ont commis la Déclaration de Berlin.
Depuis plus de deux ans, contre toutes évidences, ils s’acharnent à affirmer que la Grande Loge de France est régulière et que c’est autour d’elle que doit s’effectuer la « recomposition du paysage maçonnique français ».
Après avoir été logiquement désapprouvés par les trois Grands Maîtres britanniques, les voilà désavoués par le principal intéressé lui-même, le Grand Maître de la Grande Loge de France !
Et de se retrouver une fois de plus en porte-à-faux, eux qui cherchent à tout prix à « sauver la face »…
Ils ont pourtant eu plusieurs fois l’occasion de sortir la tête haute. Ils ne l’ont pas saisie, préférant la fuite en avant…
S’ils continuent, ils risquent bien de se retrouver associés à la GLDF dans le courant libéral. Après tout, une telle éventualité serait de loin plus honorable que leur position actuelle qui place leurs obédiences aux limites de la régularité.
* Caractères gras et soulignés de mon fait.