Réunies le week-end dernier dans la capitale allemande, les cinq Grandes Loges ont publiées le 28 juillet un communiqué Déclaration 5 GL europ. 28 07 2012 qui semble aussi embarrassé que confus.
Ayant dan un premier temps voulu prendre l’initiative de réorganiser le paysage maçonnique français (cf. : Déclaration de Bâle), elles semblent constater que leur objectif est bien ambitieux devant leur faibles moyens et surtout devant les ambitions des uns et des autres.
De plus, ce texte montre à l’évidence que ces Grandes Loges sont très embarrassées par l’initiative de quelques Frères français appartenant à la GLNF qui par une ambition démesurée et une irresponsabilité constatée ont conduits la Grande Loge de Russie à ouvrir un District en France. Par conséquent, elles annoncent d’emblée qu’elles « n'hésiteront pas à prendre toutes les mesures nécessaires », sous entendu, un processus de retrait de reconnaissance. Où l’ont voit une fois de plus, où l’ego de certains peut conduire…
Elles martèlent pour que tous comprennent (probablement après consultation avec la GLUA) : la France « n'est pas un territoire (maçonnique) ouvert » et les Grandes Loges étrangères ne doivent pas avoir pour ambition de créer des districts français !
On remarque aussi que cette déclaration condamne le morcellement de la maçonnerie française et l'encouragement à entamer "un processus de réintégration".
Veulent-t-elles ainsi condamner discrètement et sans la nommer la GLAMF ? Cela me semble probable, même s’il faut considérer que dans leur objectif passé de recomposer la maçonnerie française, ces cinq Grandes Loges qui bien évidement sont en contact avec la nouvelle obédience issue de la GLNF auraient probablement voulues la voir intégrer une structure englobant à la fois la Grande Loge de France, et les quelques autres Obédiences de dimension plus modeste.
Dès lors, cette nouvelle prise de position, qui une nouvelle fois ignore superbement la GLAMF, peut poser question pour celle-ci. Il n’en demeure pas moins vrai que ce texte prête à plusieurs interprétations possibles.
Pour ma part, j’y vois un possible encouragement à la démarche de Jean Murat tentant de sauver la GLNF de l’intérieur « … les frères français puissent travailler à leur propre salut en vue de leur rôle futur en tant que part internationalement reconnue de la chaîne mondiale de la fraternité. ». Cette phrase allant d’ailleurs dans le même sens que ce que disent d’une autre manière nos Frères de la GLUA.
Par ailleurs, ces Grandes Loges, la GLUA et des Grandes Loges d’Ecosse et d’Irlande, sans compter les Grandes Loges des Etats-Unis ont constamment, depuis décembre 2010, désavouées la gouvernance « Leadership » de la GLNF. Elles n’ont d’ailleurs plus voulues avoir le moindre contact avec l’ex.
Les membres du Souverain Grand Comité seraient bien inspirés de prendre en compte, lors de leur vote du 6 septembre prochain, que de ce fait on peut facilement en conclure que jamais elles n’accepteront de cosmétique/ maquillage de façade, mis en œuvre par des hommes de Stifani, à l’apparence plus présentable pour l’extérieur.
Au contraire, il convient de leur rappeler les termes du courrier du Grand Secrétaire de la Grande Loge Unie d’Angleterre du 17 juillet dernier qui précisait qu'en l'absence de changement spectaculaire de gouvernance ("dramatic change"), la GLNF perdra irrémédiablement la reconnaissance de l'UGLE.
Voici une mauvaise traduction du texte du communiqué des cinq Grandes Loges européennes que je viens de réaliser à l'intention de nos Frères qui ne parlent pas anglais:
« A toutes les Grandes Loges en amitié.
Les cinq Grandes Loges représentés par leurs grands maîtres ce sont rencontrées ce week-end à Berlin. Elles ont analysées la situation de la maçonnerie en France, les derniers événements, et les réactions reçues après leur "Déclaration de Bâle".
Elles réaffirment leur intention d'aider les frères français à trouver les moyens de sortir de la crise actuelle. La perte du statut privilégié de la GLNF a provoqué un morcellement accru de la franc-maçonnerie régulière française. Mais dans le même temps cela devrait être considéré comme une chance historique pour une reconstruction sur une base plus large que jamais. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d'arrêter la tendance au morcellement et de commencer à la place, un processus de réintégration.
Dans ce contexte, toute tentative de Grandes Loges étrangères de mettre en place des districts français de leur propre chef, serait particulièrement inefficace. Ce serait contre-productif car cela ne peut que signifier une plus grande fragmentation et ferait obstacle à une reconstruction future de la franc-maçonnerie régulière en France.
Basé sur le concept erroné que la France est désormais un "territoire ouvert", de tels mouvements seraient tout à fait inacceptable car elle impliquerait une violation des règles maçonniques internationalement acceptées.
Dans le cas où ces règles devraient en effet être violées par une Grande Loge étrangère, les soussignés cinq Grandes Loges n'hésiteraient pas à prendre toutes les mesures nécessaires.
Les cinq Grandes Loges après de nombreux entretiens d’évaluation vont maintenant entamer des négociations appropriées en vue que les frères français puissent travailler à leur propre salut en vue de leur rôle futur en tant que part internationalement reconnue de la chaîne mondiale de la fraternité. Avec cet objectif en vue, les Grands Maîtres ont discuté des méthodes, du calendrier et du cadre général de référence qu’elles voudraient suggérer en vue de la négociation déjà appelé par la "Déclaration de Bâle" ».
Berlin, 28 Juillet 20l2
Grande Loge d'Autriche A.F. & A.M., M. T.’.R.’.F.’. Nikolaus Schwärzler, GrandMaître
Grande Loge Régulière de Belgique, T.’.R.’.F.’. Peeters Eli, Grans Maître
Grandes Loges Unies d'Allemagne, T.’.R.’.M.’. Rüdiger Templin, Grand Maître
Grande Loge de Luxembourg, T.’.R.’.F.’. Paul Geisen, Grand Maître
Grande Loge Suisse Alpina T.’.R.’.F.’. Jean-Michel Mascherpa, Grand Maître