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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 20:59
(Photo www.slideshare.net)

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En Israël où je me trouve, le pays est plongé dans un sentiment de deuil généralisé. Comme si l’assassinat sauvage d’une adolescente de 13 ans dans son lit par un jeune terroriste palestinien aux cris d’« Allah ouAkhbar » et celui d’un rabbin mitraillé par des terroristes devant sa famille dans sa voiture ne suffisait pas à mortifier les israéliens, l’annonce du décès d’Elie Wiesel bouleverse aussi profondément le Peuple d’Israël. Le pays se recueille…
Le président de l’Etat, Reuven Rivlin lui-même endeuillé par l’assassinat du rabbin cité plus haut, a déclaré qu'« Elie Wiesel était un héros du peuple juif qui a incarné la détermination de l'esprit humain et la capacité de surmonter les forces du mal. Et de survivre contre toute attente ».
Le Premier Ministre Benyamin Netanyahu, a quant à lui affirmé qu’ « Elie Wiesel a contribué à la victoire de l'humanité face à la cruauté et au mal ».
On se souvient que lui, comme l’un de ses prédécesseurs, Ehoud Barak, voulaient susciter la candidature d’Elie Wiesel à la fonction de Président de l’Etat d’Israël. Chaque fois, celui-ci avait décliné l’offre, arguant qu’il « n’était qu’un écrivain ».
Le quotidien Yediot Aharonot, écrit en une : « L'homme qui était là-bas ». Et poursuit : Là-bas : à Auschwitz et à Buchenwald. Wiesel était « la conscience du monde ». Et encore : « C'est « la disparition d'un géant ». Un autre quotidien, Maariv, écrit qu’« Elie Wiesel était un monument de la Shoa », alors que le quotidien très à gauche Haaretz, rappelle que toute sa vie, Elie Wiesel a lutté pour les droits de l’homme, de tous les hommes.
Effectivement, Elie Wiesel qui a échappé aux camps de la mort, a passé toute sa vie à faire en sorte que le monde n’oublie jamais ceux qui ont eu moins de chance que lui.
Enfin, Israël Hayom, titre sur Elie Wiesel « L’homme qui avait promis de ne jamais se taire ».
Les hommages affluent aussi des Etats-Unis : « Elie n'était pas seulement le plus célèbre survivant de la Shoah, il était un mémorial vivant », a déclaré le président américain Barack Obama. « Sa vie et la force de son exemple nous poussent à être meilleurs. »
Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, les mots d'Elie Wiesel « portaient le poids d'une expérience qui ne peut pas et ne doit pas être oubliée », l'expérience d'événements tragiques « que nous sommes tous appelés à prévenir de nos jours ».
Elie Wiesel a connu l’enfer au cours de son séjour au camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau, et les marches de la mort, qui le mèneront en 1945 au camps de concentration de Buchenwald.
A sa libération, il arrive au Préventorium d'Écouis dans l'Eure et passe une dizaine d'années en France, à Paris, durant lesquelles il fait des études de philosophie à la Sorbonne.
Il demandera la nationalité française, qui lui sera refusée. Il ne l’oubliera jamais : Lorsque le Président de la République Française François Mitterand lui proposera de devenir citoyen français après qu’il ait reçu le Prix Nobel de la Paix, il déclinera l’offre.
Apatride, il fait son Alya, et devient israélien. Journaliste, il écrit pour le quotidien israélien Yediot Aharonot, ce qui lui permet de parcourir le monde et de rencontrer d'importantes personnalités, des artistes, des philosophes, et des chefs d'État ; il se lie d'amitié avec François Mauriac (qui l'aidera à publier sa toute première œuvre, La Nuit) et Golda Meir.
La rencontre, en mai 1955, pourtant, commençait mal. François Mauriac l’a relatée au moment de la sortie du premier livre d’Elie Wiesel, « La Nuit », que l’académicien et prix Nobel français a préfacé : « Des journalistes étrangers me rendent souvent visite. Je les redoute, partagé entre le désir de livrer toute ma pensée et la crainte de donner des armes à un interlocuteur dont les sentiments à l’égard de la France ne me sont pas connus. Dans ces rencontres, je n’oublie jamais de me méfier.
Ce matin-là, le jeune Israélien qui m’interrogeait pour le compte d’un journal de Tel-Aviv m’inspira dès l’abord une sympathie dont je ne dus guère me défendre longtemps, car nos propos prirent très vite un tour personnel. J’en vins à évoquer des souvenirs du temps de l’occupation. Ce ne sont pas toujours les circonstances auxquelles nous avons été directement mêlés qui nous affectent le plus. Je confiai à mon jeune visiteur qu’aucune vision de ces sombres années ne m’a marqué autant que ces wagons remplis d’enfants juifs, à la gare d’Austerlitz… Je ne les ai pourtant pas vus de mes yeux, mais ma femme me les décrivit, toute pleine encore de l’horreur qu’elle en avait ressentie. Nous ignorions tout alors des méthodes d’extermination nazies. Et qui aurait pu les imaginer ! Mais ces agneaux arrachés à leur mère, cela dépassait déjà ce que nous eussions cru possible. Ce jour-là, je crois avoir touché pour la première fois le mystère d’iniquité dont la révélation aura marqué la fin d’une ère et le commencement d’une autre. Le rêve que l’homme d’occident a conçu au XVIIIe siècle, dont il crut voir l’aurore en 1789, qui, jusqu’au 2 août 1914, s’est fortifié du progrès des Lumières, des découvertes de la science, ce rêve a achevé de se dissiper pour moi devant ces wagons bourrés de petits garçons, – et j’étais pourtant à mille lieues de penser qu’ils allaient ravitailler la chambre à gaz et le crématoire.
Voilà ce que je dus confier à ce journaliste, et comme je soupirai : « Que de fois j’ai pensé à ces enfants ! » Il me dit : « Je suis l’un d’eux. » Il était l’un deux ! Il avait vu disparaître sa mère, une petite sœur adorée et tous les siens, sauf son père, dans le four alimenté par des créatures vivantes. Pour son père, il devait assister à son martyr, jour après jour, à son agonie et à sa mort. Quelle mort ! Ce livre en relate les circonstances et je le laisse à découvrir à des lecteurs qui devraient être aussi nombreux que ceux du journal d’Anne Franck, – et par quel miracle l’enfant lui-même en réchappa ».
« Je compris alors ce que j’avais aimé dès l’abord dans le jeune israélien : ce regard d’un Lazare ressuscité, et pourtant toujours prisonnier des sombres bords où il erra, trébuchant sur des cadavres déshonorés. Pour lui, le cri de Nietzche exprimait une réalité presque physique : Dieu est mort, le Dieu d’amour, de douceur et de consolation, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’est à jamais dissipé, sous le regard de cet enfant, dans la fumée de l’holocauste humain exigé par la Race, la plus goulue de toutes les idoles. Et cette mort, chez combien de Juifs pieux ne s’est-elle pas accomplie ? Le jour horrible, entre ces jours horribles, où l’enfant assista à la pendaison (oui !) d’un autre enfant qui avait, nous dit-il, le visage d’un ange malheureux, il entendit quelqu’un derrière lui gémir : « Où est Dieu ? Où est-il ? Où donc est Dieu ? et en moi une voix lui répondait : Où il est ? Le voici – il est pendu ici, à cette potence ».
Elie Wiesel, a lui aussi raconté sa rencontre étonnant entre le célèbre écrivain français dans un contexte où il souhaita, afin de pouvoir approcher du premier ministre français, Pierre Mendès France, réaliser une interview du romancier et lauréat du prix Nobel François Mauriac, qui était un ami proche du premier ministre :
« Le problème était que Mauriac aimait Jésus. C'était la personne la plus correcte que je n’ai jamais rencontrée en ce domaine – en tant qu'écrivain, écrivain catholique. Honnête, intègre, et amoureux de Jésus. Il ne parlait que de Jésus. Quoi que je demande – Jésus. Finalement, je lui dis, "Et Mendès France ?" Il dit que Mendès France, comme Jésus, souffrait… Avec ce Jésus, c'en fut trop, et pour la seule fois dans ma vie, je fus discourtois, ce que je regrette encore aujourd'hui. Je lui dis, « Monsieur Mauriac », on l'appelait maître, « il y a de cela dix ans à peu près, j'ai vu des enfants, des centaines d'enfants Juifs, qui ont souffert plus que Jésus sur sa croix, et nous n'en parlons pas » … Je me sentis soudain gêné. Je fermai mon bloc-notes et me dirigeai vers l'ascenseur. Il me rattrapa. Il me retint ; il s'assit dans sa chaise, moi dans la mienne, et il se mit à gémir. J'avais rarement vu un vieil homme pleurer de la sorte, et je me sentais si bête… Et puis, à la fin, sans rien dire d'autre, il dit, "Vous savez, vous devriez peut-être en parler". »
Aussi, Elie Wiesel traduira en français un livre témoignage qu’il avait déjà écrit en yiddish « Un die Velt Hot Geshvign » (Et le monde se taisait) sur sa déportation à Auschwitz-Birkenhau puis à Buchenwald et envoya le nouveau manuscrit à François Mauriac dans le courant de l'année. Cependant, même avec l'appui et les contacts du maître, aucun éditeur ne put être trouvé. Ils trouvaient cela trop morbide, disant que personne ne le lirait. « Personne ne veut entendre ces histoires », disaient-ils à l'auteur.
En 1957, Jérôme Lindon des Éditions de Minuit, accepta de publier une traduction française, ré intitulée « La Nuit », dédiée à Shlomo son papa, à Sarah sa maman, et Tzipora sa petite sœur et donc préfacée par François Mauriac, dans laquelle il décrit son expérience concentrationnaire. Le livre sera vendu à plus de huit millions d'exemplaires.
Extraits :
« On l’appelait Moshé-le-Bedeau, comme si de sa vie il n’avait eu un nom de famille. Il était le « bon-à-tout-faire » d’une synagogue hassidique. Les Juifs de Sighet – cette petite ville de Transylvanie où j’ai passé mon enfance – l’aimaient bien. Il était très pauvre et vivait misérablement. En général les habitants de ma ville, s’ils aidaient les pauvres, ils ne les aimaient guère. Moshé-le-Bedeau faisait exception. Il ne gênait personne. Sa présence n’encombrait personne. Il était passé maître dans l’art de se faire insignifiant, de se rendre invisible. Physiquement, il avait la gaucherie du clown. Il éveillait le sourire, avec sa timidité d’orphelin. J’aimais ses grands yeux rêveurs, perdus dans le lointain. Il parlait peu. Il chantait ; chantonnait plutôt. Les bribes qu’on pouvait saisir parlaient de la souffrance de la divinité, de l’Exil de la Providence qui, selon la Kabbale, attendrait sa délivrance dans celle de l’homme ».
« Il raconta son histoire et celle de ses compagnons. Le train des déportés avait passé la frontière hongroise et, en territoire polonais, avait été pris en charge par la Gestapo. Là, il s’était arrêté. Les Juifs durent descendre et monter dans des camions. Les camions se dirigèrent vers une forêt. On les fit descendre. On leur fit creuser de vastes fosses. Lorsqu’ils eurent fini leur travail, les hommes de la Gestapo commencèrent le leur. Sans passion, sans hâte, ils abattirent leurs prisonniers. Chacun devait s’approcher du trou et présenter sa nuque. Des bébés étaient jetés en l’air et les mitraillettes les prenaient pour cibles. C’était dans la forêt de Galicie, près de Kolomaye. Comment lui-même, Moshé-le-Bedeau, avait réussi à se sauver ? Par miracle. Blessé à la jambe, on le crut mort… »
« Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit au camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n’oublierai cette fumée. Jamais je n’oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je n’oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma Foi. Jamais je n’oublierai ce silence nocturne qui ma privé pour l'éternité du désir de vivre. Jamais je n’oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. Jamais je n’oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. JAMAIS ».
(...) Un jour que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d'appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les S.S. autour de nous, les mitrailleuses braquées : la cérémonie traditionnelle. Trois condamnés enchaînés - et parmi eux, le petit pipel, l'ange aux yeux tristes. Les S.S. paraissaient plus préoccupés, plus inquiets que de coutume. Pendre un gosse devant des milliers de spectateurs n'était pas une petite affaire. Le chef du camp lut le verdict. Tous les yeux étaient fixés sur l'enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L'ombre de la potence le recouvrait. Le Lagerkapo refusa cette fois de servir de bourreau. Trois S.S. le remplacèrent. Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants. - Vive la liberté ! crièrent les deux adultes. Le petit, lui, se taisait.
- Où est le bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu'un derrière moi. Sur un signe du chef du camp, les trois chaises basculèrent. Silence absolu dans tout le camp. A l'horizon, le soleil se couchait.
- Découvrez-vous ! hurla le chef de camp. Sa voix était rauque. Quant à nous, nous pleurions.
- Couvrez-vous ! Puis commença le défilé. Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n'était pas immobile : si léger, l'enfant vivait encore... Plus d'une demi-heure il resta ainsi à lutter entre la vie et la mort, agonisant sous nos yeux. Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints. Derrière moi, j'entendis le même homme demander :
- Où donc est Dieu ? Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
- Où il est ? Le voici - il est pendu ici, à cette potence...
Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre. (...) Elie Wiesel La Nuit, 1958
Commence alors une œuvre d’écrivain très prolifique, doublée de cours dans différentes universités, car Elie Wiesel devient professeur de philosophie :
La Nuit, témoignage, Les Éditions de Minuit - 1958 ; réédition en 2007 avec une nouvelle préface d'Elie Wiesel.
L'Aube, roman, éditions du Seuil - 1960 (adapté au cinéma à deux reprises).
Le Jour, roman, éditions du Seuil - 1961.
La Ville de la chance, roman, éditions du Seuil - 1962, Prix Rivarol 1964.
Les Portes de la forêt, roman, éditions du Seuil - 1964. Le Chant des morts, nouvelles et textes, éditions du Seuil - 1966.
Les Juifs du silence, témoignage, éditions du Seuil - 1966.
Le Mendiant de Jérusalem, roman, éditions du Seuil - 1968, Prix Médicis 1968.
Zalmen ou la folie de Dieu, théâtre, éditions du Seuil - 1968.
Entre deux soleils, essais et récits + une pièce de théâtre (Il était une fois, qui a été rédigée en 1968), éditions du Seuil - 1970.
Célébration hassidique, portraits et légendes, éditions du Seuil - 1972.
Le Serment de Kolvillàg, roman, éditions du Seuil - 1973.
Ani Maamin : Un chant perdu et retrouvé (cantate, édition bilingue Random House - 1973), repris dans Un juif aujourd'hui (Voir la Cantate Ani Maamin sur une musique de Darius Milhaud pour chœur, orchestre, 4 comédiens : le récitant, Abraham, Isaac et Jacob. ed. Eschig).
Célébration biblique, portraits et légendes, éditions du Seuil - 1975.
Un Juif aujourd'hui, récits, essais, dialogues, éditions du Seuil - 1977.
Le procès de Shamgorod tel qu'il se déroula le 25 février 1649, théâtre, éditions du Seuil - 1979.
Le Testament d'un poète juif assassiné, roman, éditions du Seuil - 1980, Prix du Livre Inter 1980, Prix des Bibliothécaires 1981.
Contre la mélancolie (Célébration hassidique II), éditions du Seuil - 1981.
Paroles d'étranger, textes, contes, dialogues, éditions du Seuil - 1982.
Le Golem, illustré par Mark Podwal, récit, éditions du Rocher - 1983, publié en français en 1998.
Le cinquième fils, roman, éditions Grasset - 1983, Grand prix du roman de la Ville de Paris 1983. Signes d'exode, essais, histoires, dialogues, éditions Grasset - 1985.
Job ou Dieu dans la tempête, avec Josy Eisenberg, essai, éditions Fayard-Verdier - 1986.
Discours d'Oslo, éditions Grasset - 1987.
Le crépuscule, au loin, roman, éditions Grasset - 1987.
Silences et mémoire d'hommes, essais, histoires, dialogues, éditions du Seuil, 1989. L'oublié, roman, éditions du Seuil - 1989.
Célébration talmudique, portraits et légendes, éditions du Seuil - 1991.
Célébrations, édition reliée, éditions du Seuil - 1994.
Tous les fleuves vont à la mer (Mémoires I), éditions du Seuil - 1994.
Mémoire à deux voix, avec François Mitterrand, dialogues, éditions Odile Jacob - 1995.
Se taire est impossible, avec Jorge Semprún, dialogue, éditions Arte / Mille et Une Nuits - 1995.
… Et la mer n'est pas remplie (Mémoires II), éditions du Seuil - 1996.
La Haggadah de Pâque, illustré par Mark Podwal, commentaires, éditions Le Livre de poche - 1997.
Célébration prophétique, portraits et légendes, éditions du Seuil - 1998.
Les juges, roman, éditions du Seuil - 1999.
Le mal et l'exil : 10 ans après, avec Michaël de Saint-Cheron, dialogues, éditions Nouvelle Cité - 1999.
Le roi Salomon et sa bague magique, illustré par Mark Podwal, récit, éditions Le Rocher-Bibliophane - 1999.
D'où viens-tu ? textes, essais, dialogues, éditions du Seuil - 2001.
Le chant qui habite le chant, commentaires des Songes, énigmes et paraboles de Rabbi Nahman de Bratslav, essai, éditions Daniel Radford -Bibliophane - 2002.
Le temps des déracinés, roman, éditions du Seuil - 2003.
Et où vas-tu ? textes, essais, dialogues, éditions du Seuil - 2004.
Un désir fou de danser, roman, éditions du Seuil - 2006. Le Cas Sonderberg, roman, éditions Grasset - 2008.
Rashi, Ébauche d'un portrait, essai/biographie, éditions Grasset - 2010.
Otage, roman, éditions Grasset - 2010.
Cœur ouvert, récit, éditions Flammarion - 2011.
Espérer envers et contre tout : Un juif et un chrétien après Auschwitz, avec Johann Baptist Metz, entretiens réalisés en 1993, éditions Salvator - 2012.
En avril 2013, la pièce inédite Le choix est montée à Paris : il n'y a pas encore à ce jour de date éventuelle de publication du texte.
Elie Wiesel a aussi participé non pas à la rédaction de livres mais à leur enrichissement en accordant de longs entretiens :
Monsieur Chouchani, L'énigme d'un maître du XXe siècle (Salomon Malka, éditions Jean-Claude Lattès - 1994).
Le Roi David : une biographie mystique (Laurent Cohen, éditions du Seuil - 2000).
Enfin, certains essais sur Elie Wiesel contiennent des entretiens et/ou des textes inédits d'Elie Wiesel :
Elie Wiesel. Qui êtes-vous ? (Brigitte-Fanny Cohen, éditions La manufacture - 1987).
Elie Wiesel : Variations sur le silence (Myriam B. Cohen, éditions Rumeur des Âges - 1988).
Présence d'Elie Wiesel (David Banon, éditions Labor & Fides - 1991).
Une parole pour l'avenir (sous la direction de Michaël de Saint-Cheron, éditions Odile Jacob - 1996).
Elie Wiesel en hommage (mélanges réunis par Ariane Kalfa et Michaël de Saint-Cheron, éditions Cerf - 1998).
Entretiens avec Elie Wiesel suivi de Wiesel, ce méconnu par Michaël de Saint-Cheron (Parole et Silence - 2008).
Cette œuvre colossale, inlassable lutte contre l’oubli, pose de nombreuses questions telles que l’importance de la mémoire, quel pardon pour les bourreaux, le mal est-t-il seulement la responsabilité de l’homme, la place de D-ieu après la Shoa : « Parfois pour Dieu, souvent contre lui, et pourtant jamais sans lui »…
Mais aussi ses commentaires merveilleux sur le Hassidisme ( « Célébration Hassidique » et « Contre la mélancolie »), sur le Talmud (« Célébration Talmudique ») et sur la Thora (« Célébration Biblique ») .
Le monde libre lui avait marqué sa reconnaissance pour les prises de positions courageuses qui étaient les siennes mais surtout pour la haute stature morale et éthique qui se dégage du message qu’il a délivré à l’humanité, ainsi que pour son combat pour venir au secours de tous les opprimés de la terre : Grand-croix de la Légion d'honneur et commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, ayant reçu aux États-Unis la médaille d'honneur du Congrès des mains du Président Reagan, l’une des plus hautes distinctions américaines et la médaille présidentielle de la Liberté, fait docteur honoris causa par plus de cent universités parmi lesquelles Harvard, Yale, Stanford, Cambridge, Princeton, Columbia, l'École normale supérieure, Oxford, la Sorbonne et l'université hébraïque de Jérusalem, il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1986.
ll avait aussi ses entrées à la Maison Blanche. Mais les prix et les honneurs ne l'impressionnaient pas.
C'était quand il enseignait dans des universités à New York ou Boston qu'il était le plus heureux. En dépit d'un quintuple pontage cardiaque Elie Wiesel n'avait rien perdu de son dynamisme, poursuivant sans relâche sa mission de témoin de l'Holocauste, afin que le monde n'oublie pas les horreurs du nazisme.
Il avait déclaré à la radio publique américaine : « Oublier les victimes, c'est les tuer une seconde fois. Je n'ai pas pu empêcher leur première mort, mais je suis certainement capable de les sauver de la seconde. »
Il y aura consacré toute sa vie, avec l'espoir que d'autres continueront ce devoir de mémoire après sa disparition.
De la même façon, Elie Wiesel était un infatigable avocat de la cause israélienne, et particulièrement de Jérusalem.
Bien avant le vote nauséabond de l’UNESCO en avril dernier, niant le lien de Jérusalem avec le judaïsme au seul bénéfice de l’islam ( !), il avait publié le texte suivant, malgré la censure du quotidien The Time qui avait refusé ce texte :
« Jérusalem est au-dessus de la politique » Texte original anglais : « Elie Wiesel Jerusalem is Above Politics », reproduit par la Rédaction de Arutz Sheva, 17 avril 2010 Traduction française : Menahem Macina, pour France-Israël
Auteur et avocat de renommée mondiale de la cause juive, lauréat du Prix Nobel de la Paix et survivant de la Shoah Elie Wiesel a exprimé ses vues sur la ville de Jérusalem dans une pleine page [payante] des plus importants journaux américains, l’International Herald Tribune, le Washington Post et le Wall Street Journal du 16 avril 2010, et dans le New York Times du 18 avril 2010.
« C'était inévitable, Jérusalem est, une fois de plus, au centre de débats politiques et de tempêtes internationales.
De nouvelles et d’anciennes tensions se font jour à un rythme inquiétant. Dix-sept fois détruite et dix-sept fois reconstruite, Jérusalem est encore au centre d’affrontements diplomatiques qui pourraient mener à un conflit armé.
Ni Athènes, ni Rome n’ont suscité autant de passions. Pour le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la politique.
Elle est mentionnée plus de six cents fois dans l’Ecriture, et pas une seule fois dans le Coran. Sa présence dans l’histoire juive est écrasante.
Il n’y a pas de prière plus émouvante de l’histoire juive que celle qui exprime notre ardent désir de retourner à Jérusalem.
Pour beaucoup de théologiens, elle EST l’histoire juive ; pour de nombreux poètes, elle est une source d’inspiration. Elle appartient au peuple juif et, beaucoup plus qu’une ville, elle est ce qui lie un Juif à l’autre d’une manière qui reste difficile à expliquer.
Quand un Juif visite Jérusalem pour la première fois, ce n’est pas la première fois, c’est un retour chez soi.
La première chanson que j’ai entendue était une berceuse de ma mère à propos et en faveur de Jérusalem.
Sa tristesse et sa joie font partie de notre mémoire collective.
Depuis que le roi David a pris Jérusalem pour capitale, des Juifs ont vécu dans ses murs, à l’exception de deux interruptions : lorsque les envahisseurs romains leur interdirent l’accès à la ville et, à nouveau, sous l’occupation jordanienne [de 1948 à juin 1967], quand il était interdit aux Juifs, quelle que fût leur nationalité, de se rendre dans le vieux quartier juif, pour méditer et prier au Mur, dernier vestige du temple de Salomon.
Il est important de se souvenir que, si la Jordanie ne s’était pas jointe à l’Egypte et à la Syrie dans la guerre contre Israël [en juin 1967], la vieille ville de Jérusalem serait encore arabe. Tant il est vrai que si les Juifs étaient prêts à mourir pour Jérusalem, ils ne tuaient pas pour Jérusalem.
De nos jours, pour la première fois de l’histoire, les Juifs, les chrétiens et les musulmans, peuvent, en toute liberté, prier dans leurs sanctuaires.
Et, contrairement à certains comptes rendus de presse, Juifs, chrétiens et musulmans PEUVENT construire leur maison en n’importe quel point de la ville.
L’angoisse à propos de Jérusalem, n’est pas une question foncière, mais une question de mémoire.
Quelle est la solution ? La pression n’aura aucun effet. Y a-t-il une solution ? Il doit y en avoir - il y en aura - une !
Pourquoi s’attaquer prématurément au problème le plus complexe et le plus sensible ? Pourquoi ne pas prendre d’abord des mesures qui permettront aux communautés israéliennes et palestiniennes de trouver le moyen de vivre ensemble dans un climat de sécurité ? Pourquoi ne pas laisser le plus difficile et le plus délicat problème pour ce moment-là ?
Jérusalem doit rester la capitale spirituelle juive du monde, non pas un symbole d’angoisse et d’amertume, mais un symbole de confiance et d’espérance.
Comme l’a dit le maître hassidique, Rabbi Nahman de Bratslav : « Tout dans ce monde a un cœur ; le cœur lui-même a son propre cœur. » Jérusalem est le cœur de notre cœur, l’âme de notre âme !
© Elie Wiesel Mis en ligne le 23 avril 2010, par Menahem Macina, sur le site France-Israël.org
« C'est souvent lorsqu'elle est le plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire. » Elie Wiesel
 
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commentaires

E
j'ai eu l'immense privilège d’être le pilote de ce Grand MONSIEUR.<br /> sa tolérance son humanisme mais aussi sa vision si juste et précise des réalités de la vie resteront a jamais gravé dans mes pensées <br /> Merci....
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V
Bel Hommage. Il faut lire et relire son chef d'oeuvre La Nuit. Un ouvrage bouleversant. Un témoignage terrible. <br /> Et prendre conscience que l'humanité n'a malheureusement pas (assez) changé. Que rien ne sert de leçon. Que la barbarie est toujours là.<br /> Par ignorance, indifférence, bien pensance, nous laissons cette barbarie s'organiser. En France les attentats nous ont montré l'expression la plus violente de cette barbarie. Mais elle s'exprime au quotidien de manière plus discrète et plus "acceptable". Sous couvert d'antiracisme contre certaines communautés, de victimisation ou avec le prétexte du passé colonial français, un travail visant à déstabiliser notre société est à l'oeuvre. Le mot d'ordre est simple, L'Etat est raciste, les blancs français sont racistes, c'est un fait.... et cela doit donc permettre de justifier des actions contre cet Etat. Actions non violentes mais contestation systématique de certains fondements de notre société. Et ne cherchez pas bien loin, l'antisémitisme est omniprésent. On peut y voir un danger pour notre société et une volonté délibérée de mener des actions organisées visant à déstabiliser notre société en s'immisçant dans des débats ou luttes sur des questions sociales, d'éducation... <br /> Ceux qui se prêtent à ce jeu ont le beau rôle grâce à la complicité de certaines idiots utiles qui n'hésitent pas à taxer de raciste, islamophobe, tous ceux qui viendront à s'alarmer de cette situation.<br /> C'est ainsi que l'on peut avoir une association se revendiquant anti-raciste afficher Cheikh Yassine sur ses supports de communication...<br /> Alors oui... il faut relire La Nuit. Et espérer qu'une telle barbarie ne pourra pas renaître.
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Par arrêt en date du 20 mai 2015, la cour d’appel de Paris a confirmé le jugement rendu le 6 mai 2014 par la chambre de la presse du tribunal de grande instance qui m'a déclaré coupable de diffamation publique envers François Stifani et Sébastien Dulac, à raison de la diffusion d’un message diffusé le 22 septembre 2010 sur le blog le myosotis-dauphine.savoie.over-blog.com. Je considère cet évènement comme l'attribution d'une Légion d'Honneur.

Merci aux soeurs et frères très nombreux qui m'ont soutenu dans ce combat de cinq années dont je m'honore, et dont je ne regrette rien.

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