22 février 2015
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Dans le cadre des Tribunes libres que le Myosotis du Dauphiné-Savoie offre aux Frères qui souhaitent s’exprimer, voici l’édito d’un frère, JRaime, peiné par le désarroi causé par une démarche aux accents sectaires:
« De nombreux Frères ont quitté la GLNF. Certains se sont détournés complètement de notre démarche, d’autres sont allés voir ailleurs si l’herbe était plus verte dans l’une ou l’autre des 100 obédiences présentes dans le champ de la franc-maçonnerie française.
Le calme et la sérénité sont revenus dans notre maison et le désir de travailler en Fraternité dans nos Loges est palpable : « La joie est dans les cœurs ».
Il faut dire que le paysage maçonnique français s’est clarifié bien plus rapidement que nous ne l’avions imaginé.
- La GLNF est redevenue la seule Grande Loge régulière sur le territoire français, reconnue par la quasi-totalité des Grandes Loges régulières dans le monde, 90% des maçons de la planète selon notre GM Jean-Pierre SERVEL, non pas pour des raisons politiques comme je l’entends dire ici ou là, car la GLNF aurait pu ne pas retrouver sa reconnaissance, mais parce qu’elle est la seule obédience à avoir choisi de revenir dans la règle.
- Les chantres de la recomposition d’un « paysage maçonnique français régulier », sont désormais relégués et probablement pour longtemps, dans le champ de la maçonnerie « dite libérale ». Ceux qui avaient construit leur projet sur le dépeçage de leur obédience d’origine, la nôtre, balbutient aujourd’hui que la reconnaissance de la régularité n’est plus leur préoccupation. En Berry nous dirions que c’est un joli « coup de pied d’âne » aux Frères qui ont quitté la GLNF pour cette raison.
Des Frères prennent donc logiquement le chemin du retour et je veux saluer leur démarche.
C’est la démarche maçonnique courageuse de ceux qui, reconnaissant qu’ils se sont trompés, font le chemin inverse dans le labyrinthe.
Nos Loges, malgré l’amertume parfois compréhensible des Frères qui sont restés pour reconstruire la maison, surtout quand leur loge a été pillée, accueillent fraternellement ces Frères dans la chaîne d’union.
C’est pourquoi mon Très Cher Frère je m’interroge sur ton départ de notre atelier du REAA. Quels peuvent en être les motifs ?
J’en ai identifié trois mais je ne prétends pas être exhaustif :
- Le premier tient à ce que j’appelle le choc post-traumatique, celui qui fait suite à la longue et violente tempête vécue dans notre obédience. Les adeptes de la croisière en haute mer connaissent bien les phénomènes qui apparaissent après une tempête. C’est un temps qui parait comme suspendu pendant lequel, après avoir été chahuté, déstabilisé, ma vigilance s’est relâchée. C’est un espace dans lequel j’ai perdu mes repères et, balloté par les courants du moment, attiré par les sirènes, je dérive. Où suis-je ? Quel cap choisir ? Quel chemin emprunter ? Je te rencontre aujourd’hui encore déboussolé ; comment te donner le moyen de choisir les bonnes balises ?
- Le second tient à la relation personnelle que tu entretiens avec chaque Frère de notre loge ainsi qu’avec ceux qui nous avaient quittés. Cesser de partager le bonheur de la Fraternité avec ces derniers est une épreuve difficile. Il n’y a plus le partage maçonnique en loge, ce pourquoi nous nous retrouvons, mais la relation affective demeure et peut parfois prendre le pas. Pourtant rien n’exclue, tout au contraire, le partage dans le monde profane avec de nombreux autres « Frères » dont les choix hors de la Maçonnerie reconnue régulière sont tout aussi respectables que les miens. Suis-je suffisamment attentif à toi qui doutes, attiré par le chant des sirènes évoqué ci-dessus ? Ne dois-je pas m’interroger sur ma capacité à te retenir sur la base de l’Amour Fraternel évidemment ?
- Le troisième tient au prosélytisme de certains membres du SCPLF. Je l’ai vécu dans l’atelier que je fréquentais mais ne sais pas s’il s’agit d’une pratique générale, ou d’un comportement local. Ces adeptes continuent à recruter aujourd’hui encore dans les Loges du REAA de la GLNF avec trois arguments « choc », et en y ajoutant parfois le moyen d’un chantage affectif.
o Les trois premiers degrés seraient un passage obligé, certes nécessaire, mais mineur par rapport au niveau « supérieur » auquel on doit accéder pour mériter le titre de Franc-maçon…
o La pureté du REAA dans sa globalité devrait être protégée de toute contamination par les autres rites…
o La poursuite du chemin initiatique dans la progression du REAA en 33 degrés serait devenue soi-disant impossible pour les Frères de la GLNF…
En ce qui concerne le moyen tu m’as avoué ta douleur d’être amené à choisir entre « ton père et ta mère ». Ces arguments et ce moyen ne peuvent trouver un écho que parce que tu es en dérive. Est-ce faire preuve d’amour fraternel que te culpabiliser de cette manière en utilisant le registre affectif, que te pousser à renier tes engagements vis-à-vis de ta loge, que t’imposer dans notre maçonnerie régulière et dans nos loges du REAA, le choix d’une soi-disant voie unique de perfectionnement ?
Instrumentalisé par ceux qui ont conduit cette juridiction hors des chemins choisis par ses fondateurs en 1965, tu n’as pas vu que de nombreux Frères du 4e au 33e degré ont déjà quitté le SCPLF pour se mettre au travail et reconstruire une juridiction ancrée dans la régularité, le SCNDF.
En guise de conclusion : Initié au REAA et ayant effectué mon parcours avec bonheur depuis 15 ans exclusivement dans ce rite, mon propos n’est donc pas de régler des comptes avec celui-ci, pas plus que de retenir quiconque dans notre obédience. Le chemin maçonnique est une voie de perfectionnement individuelle faite de choix et d’engagements personnels ; pour ce qui me concerne ces choix ont souvent été éclairés par des Frères ayant un point de vue différent du mien.
A toi qui veux partir, sur un chemin qui passe en dehors de la maçonnerie régulière, et parce que probablement tu n’as pas d’autre choix aujourd’hui, je te souhaite bon vent, en espérant que ta route puisse croiser celle d’un Frère qui rentre à la maison. » JR-aime